Il y a quelque chose de fascinant à contempler le résultat des élections européennes de 2019. La victoire de l’oligarchie par l’intermédiaire de son nouveau parti politique, La République En Marche, a de quoi laisser pantois. Ce parti, comme en leur temps Les Républicains (et ses prédécesseurs : UMP, RPR) ou le Parti Socialiste, organise le pillage de la France, doublé de sa destruction, et parvient à se maintenir aux élections en plaçant son meilleur ennemi, le Rassemblement National, en tête. Il y a de quoi rester interloqué par le fossé qui existe entre un monde qui s’enfonce dans le néant du progrès et de la modernité et toute une partie de la population qui persiste à poursuivre la logique funeste d’un ordre social décadent. Il ne va pas s’agir ici de dire précisément qui sont les environs 20 % des inscrits qui votent avec entêtement pour ce parti, la plupart du temps contre leur propre intérêt, mais de comprendre comment on en est arrivé là, d’essayer de décrire le paysage funeste d’un pays en modernisation incessante qui s’enfonce dans le totalitarisme. Voici donc un texte qui pourra paraître décousu à certains mais qui, me semble-t-il, possède malgré tout sa cohérence.
La difficulté réside dans la complexité de l’effondrement que nous vivons, complexité qui vient de ce qu’aucun aspect de la vie n’est épargné. Regardons ce monde moderne, n’importe où. Prenons la banlieue parisienne par exemple : comment ne pas être frappé par l’omniprésence de la laideur en tout ? Tout y est hideux, tout ce qui a récemment été construit est laid. Paris et sa banlieue, comme tout autre ensemble urbain, ne sont plus qu’une suite de bâtiments juxtaposés les uns après les autres, une suite de voies de communication, de ponts tous plus affreux les uns que les autres (quand ils ont été construits après la seconde guerre mondiale) ; il n’y a plus de paysage mais un décor fait d’éléments ajoutés progressivement, au gré des besoins économiques, à la va-vite, éléments de décor qui ne sont pas faits pour être transmis mais pour servir vite à ce pour quoi on les destine.
L’urbanisation est le mouvement d’appropriation de l’espace par le mode de production capitaliste. La France, l’Europe et le monde sont en train d’être absorbés par ce monstre de laideur. La France était un pays d’une grande beauté : que l’on aille du paysage plusieurs fois millénaires de ce qui fut autrefois la Provence – et qui n’existe plus aujourd’hui, sabotée qu’elle est par les villas, les lotissements, les zones d’activités, et autres voies de communication – au bijou que fut la campagne normande à présent sabordée par la monoculture, l’agrochimie et le tracteur. Où que l’on regarde, il n’y a plus que laideur et désolation. Certains me répondront qu’il reste encore de belles zones. J’en conviens mais a-t-on conscience de leur rétrécissement progressif, de plus en plus rapide ? Même les terres les moins salis par le mode de production capitaliste en portent malgré tout les stigmates. Chaque maison moderne construite est une souillure esthétique portée sur ce qu’il reste de paysage… Tout prend la forme hideuse de ce système de domination totale qui nous fait entrer dans la nuit des peuples. Ce qu’il faut comprendre, c’est que, saisit par le mode de production capitaliste, l’espace enlaidi appauvrit les relations sociales. L’architecture aujourd’hui fait naître des rues désertes ; le seul moyen qu’elle ait trouvé pour pallier ce problème est l’adjonction de commerces qui vont faire se déplacer une certaine quantité de consommateurs, et l’on appellera ça du « lien social ». L’urbanisation et l’architecture, en sabotant toute identité, se sont simplifiées la tâche : il n’y a plus qu’à gérer un individu mondialisé qui ne sait plus ce qu’est l’action puisqu’il ne fait que se comporter en masse. Espaces standardisés, esprits embrigadés, notre temps incarne la fin de la poésie. Imagine-t-on une Lucienne Delyle chanter l’amour sous un pont moderne en béton, parcouru de voitures et de camions ?
Voici ce qu’Alain écrivait en 1912 :
« Un canal, avec ses beaux tournants ombragés, ses berges gazonnées, ses écluses bavardes, éveille des sentiments vifs et fait naître une poésie en action, sans doute parce que c’est une œuvre humaine revêtue des parures naturelles. Qui ne s’est arrêté à l’écluse pour considérer cette machine étonnante, simple, puissante, qui élève de marche en marche par-dessus les collines, un lourd bateau, une maison fleurie, de hardis enfants ? Chacun a désiré ces lents voyages où les moindres bruits courent et rebondissent dans le couloir sonore pendant que le navire, comme disait Virgile, coupe en deux l’image renversée des choses. Les fouets claquent ; les deux chevaux tirent habilement chacun à leur tour ; l’horizon glisse d’heure en heure ; les fleurs et les herbes saluent au passage. Heureux mariniers ! » (Alain, Propos sur les pouvoirs, éditions Gallimard, collection Folio Essais, 1985, p. 89.)
« Une œuvre humaine revêtue des parures naturelles. » Aujourd’hui, tout dans nos constructions modernes pue la haine de la nature, avec ces formes géométriques qui envahissent tout, faisant plier la nature elle-même. Qu’on me dise quel « sentiment vif » peut émerger de l’architecture décadente de cette époque maudite qui est la nôtre, quel sentiment vif à part de la bêtise, de la superficialité, c’est-à-dire l’absence de sentiment justement ? Quelle profondeur peut naître quand tout est déracinement et perte d’identité ? L’individu de masse n’a d’autre choix que d’évoluer dans cette laideur utilitariste. Lui-même devient vulgaire, stupide et, face à un décor qui fait office de paysage, qui ne permet pas d’habiter mais juste d’utiliser l’espace, il perd alors l’idée de ce que pourrait être une autre vie, en dehors du marché, en dehors de la consommation. Dans ce rétrécissement intellectuel, l’individu est frappé de cécité et n’est même plus en mesure d’observer et de comprendre le sens de la laideur : il vit dans un monde d’où la beauté a disparu et n’a plus la capacité de le constater. L’individu de masse, le consommateur, est incapable de discerner le beau et le laid. Plus encore, il n’en a cure et préfère voir le positif dans la catastrophe. Frappé d’amnésie par l’idéologie du progrès qui interdit d’envisager que ce qui fut ait pu être meilleur que ce qui est ou sera, il vit sa vie en fantôme, consentant à toutes les « mises devant le fait accompli » dont il est victime. Il acquiesce à l’inacceptable parce qu’il vit une non-vie, entre l’exploitation qu’il subit sans même s’en apercevoir parce qu’elle a pris l’apparence de la normalité, le sport qui lui fait croire que la vie est compétition, et le divertissement composé de films stupides, de musiques décérébrées qui l’endorment et l’isolent dans un affreux paradis. Tout ici indique que nous sommes en route vers de nouvelles expériences qui feront passer Auschwitz pour le triste brouillon d’un calvaire encore plus absolu d’imbéciles heureux incapables de distinguer une cause de son effet, incapables de désigner un ennemi de classe et de le combattre collectivement avec entêtement. Quand la poésie disparaît, il n’y a plus de guerriers, juste des mercenaires ; quand le monde devient laid, il n’y a plus que des lâches. Comme l’écrivait Élisée Reclus, « Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. » Nous y sommes.
À ce mouvement de destruction de l’espace s’ajoute la paupérisation généralisée des peuples transformés en population, c’est-à-dire en agrégats statistiques. Regardons les grandes villes. Qu’y voyons-nous ? Des individus isolés, paumés dans leur époque par une quête abrutissante d’un bonheur qu’on leur a mille fois promis mais qu’ils n’auront jamais. Des gens qui vivent mal leur temps, qui n’ont plus les moyens d’éclore tant les institutions de prises en charge de l’humain telles le complexe scolaire, le complexe médical, le complexe médiatique et culturel et tous les autres, les ont fanés. Mais soyons justes, il n’y a pas que le citadin : où que l’on aille, on ne retrouve de plus en plus qu’un seul modèle d’individu, le consommateur, l’individu désorganisé par excellence. Nourri par les écrans, adepte de sport, il assimile la culture aux produits de l’industrie culturelle, il croit que la connaissance sert à obtenir un emploi, d’ailleurs il n’envisage sa vie économique que sous l’angle du salariat ou plus exactement de l’argent. Étouffé par les normes, il questionne sans cesse la distance qui l’en sépare, soucieux de la réduire autant que faire se peut. Mais ces normes et leur origine restent, elles, inquestionnées. Obsédé par la forme, il n’a plus aucun fond. Occupé en permanence, il n’a jamais le temps de perdre son temps, jamais le temps de penser en profondeur, il n’est jamais le temps de réfléchir au sens de ce qui est car tout va de soi. Ce qu’il y a de frappant, c’est de voir à quel point l’énumération des domaines de cette ruine est infinie. Le désastre est partout : enlaidissement du monde, des personnalités, perte d’identité et d’autonomie des peuples, où que l’on regarde l’on ne voit que destruction de ce qui fut : ce qui est en train de disparaître depuis l’après-guerre est le fruit des millénaires qui nous ont précédés et nous nous retrouvons face à un chaos sans passé, sans mémoire.
Il est important de saisir à quel point la situation actuelle est le fruit d’un travail de désorganisation des populations mené par le pouvoir centralisé. Le mode de production – le capitalisme – lui-même se construit contre le peuple. Où que l’on regarde, tout n’est qu’attaque contre le peuple avec toujours la même obsession : altérer sa puissance. Prenons l’institution anti-peuple par excellence : l’école. Comment se fait-il que l’on ait abandonné toute critique de cette fabrique du fascisme qu’est l’école ? Des professeurs complètement embrigadés, persuadés que le projet « d’éducation nationale » – c’est-à-dire le projet de faire éduquer le peuple par une institution étatique – est légitime, légitime parce qu’ils méprisent le peuple, parce que leurs propres professeurs leur ont enseigné cette haine du peuple, ce manque de confiance, et qu’ils ont trop bien appris leurs leçons. Tout le discours scolaire est anti-sociologique : « il faut travailler plus », « il faut faire davantage d’efforts », comme si la connaissance était le résultat d’un effort individuel et non collectif. En isolant les élèves dans le travail individuel, l’école les condamne à rabâcher la connaissance établie par d’autres, elle en fait des perroquets sans cervelle. Mais il y a plus : l’école établit un lien magique entre diplôme (censé sanctionner un niveau de connaissance) et place dans l’appareil productif. Plus le diplôme est élevé, plus on peut prétendre à s’élever dans l’échelle salariale. Ainsi, dans cette mythologie, le savoir sert à quelque chose ; il n’est pas le fruit de la curiosité vis-à-vis du monde mais est destiné à nous faire progresser dans l’ordre social.
Il est presque cocasse de voir à quel point cette mythologie est systématiquement foulée au pied par l’ordre social. Ainsi, dans l’habituel discours de haine du peuple qui se tient sous l’égide de l’école, il est dit que l’école sert « à s’en sortir », discours repris comme une prière en particulier par les femmes (femmes qui sont aujourd’hui, par la magie du féminisme, les principales collaboratrices de l’ordre en place). Mais « s’en sortir » de quoi ? Se sortir de sa condition sociale pardi ! De sa condition populaire ! Ainsi nous enseigne-t-on comme une vérité qui ne se discute plus que quand on vient des classes populaires, il faut s’extraire de sa condition, la refuser comme une honte. Pourquoi ? À cause de la pauvreté en premier lieu. Mais pourquoi les classes populaires sont-elles pauvres ? À cause de la domination économique et sociale intrinsèque au capitalisme (ainsi, il faut rappeler qu’au sortir du moyen-âge, les peuples étaient propriétaires des moyens de production. sur cette question, voir Karl Marx, Le capital, livre I, huitième section : « L’accumulation primitive » – p.801 et suivantes du livre 1. Quand on lit ça, on comprend mieux pourquoi l’école et le complexe culturel et médiatique ont pour obsession de nous dégoutter du moyen-âge, de le faire passer pour un âge sombre). Quelle solution propose l’école ? L’ascenseur social, bien sûr ! Par la magie de « l’ascenseur social », on « s’en sort », c’est-à-dire qu’on dynamise le système qui est la cause de pauvreté de la classe sociale d’où l’on vient. Ce faisant, on redouble la domination qui fait que les classes populaires sont pauvres, voire aujourd’hui miséreuses. La solution individuelle proposée par l’école entretien les causes qui font que les classes populaires vivent mal. C’est une solution anti-peuple déjà en ce que, quand on accepte l’idée « d’ascenseur social », on accepte aussi celle qu’il y a des étages. Une solution vraiment populaire consisterait à renverser l’ordre en place pour instaurer une société égalitaire qui autoriserait enfin les dépositaires d’habitus populaires à vivre dignement sans avoir honte de ce qu’ils sont, sans vouloir « s’en sortir ». Pour ce faire, on peut retourner l’affaire dans tous les sens, il n’y a qu’une solution : redevenir propriétaire des moyens de production…
Il est également cocasse de constater que plus on monte dans l’échelle salariale, plus on a affaire à des médiocres. Alain avait noté cela en son temps quand il affirmait que « la fonction de chef ne relève pas de la compétence ». Il écrivait : « dès que l’on s’élève, on règne sur des hommes, non sur des choses, et l’on a à considérer non pas les lois des choses, mais la marche des passions. […] Le vrai diplomate [comprendre ici le chef, l’administrateur] est celui qui ne pense rien. De là, un choix inévitable des médiocres pour la plus haute direction […]. » (Ibid., pp. 111-112.). Bref, exactement l’inverse de ce que nous annonce la mythologie scolaire avec des diplômes censés sanctionner un niveau de connaissance permettant ensuite de parvenir aux meilleurs places. Le rôle de l’école ici est de légitimer le système hiérarchique en faisant passer les classes populaires pour des imbéciles alors que c’est exactement le contraire…
Mais il y a plus encore dans l’immonde action anti-peuple de l’école. Elle crée, au sein du peuple, des ennemis du peuple. Comment nommer le jeune, gavé de séries policières, qui va s’engager dans les forces de l’ordre ? Plus compliqué : comment nommer autrement le jeune qui va s’engager dans des études de commerce ou de communication ? Que sont les études de commerce, de communication ? Des « études » qui vont enseigner aux jeunes les moyens de tromper le peuple, pour lui prendre cet argent auquel le capitalisme le condamne et dont il a, du coup, tant besoin. Des moyens pour prendre l’argent du peuple et le donner aux entreprises comme le chien qui ramène sa proie au chasseur. Le commercial est irrémédiablement l’ennemi du peuple. En rendant normaux de tels métiers, l’école désorganise le peuple, le transforme en agrégat statistique éclaté, sans cohérence, sans puissance.
Bien sûr, caractériser la façon dont le pouvoir central désorganise le peuple nécessiterait un livre entier, en fait plusieurs. Il faudrait parler davantage de l’école car, comprenons-le bien, il n’y aura jamais d’émancipation tant que l’école sera obligatoire (d’ailleurs Jules Ferry expliquait avoir rendu l’école obligatoire pour clore l’ère des révolutions : beau programme presque réussi…). Il faudrait parler aussi de l’industrie culturelle et des médias de masse, encore tout puissants, parler de la façon dont on oppose le sociétal au social avec les mouvements féministes, LGBT, de la façon dont le pouvoir manipule les jeunes en général, les jeunes femmes en particulier, pour en faire des suppôts du fascisme ambiant. Bref, la situation est extrêmement grave et confirme ce que bien des penseurs avaient vu à la fin de la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire que rien de ce qui avait rendu le totalitarisme possible n’a été jugulé. Il faudrait se demander ce qu’est une foule fasciste si ce n’est une masse d’individus frappés de superfluité car désorganisés. Au regard de la place disponible pour cet article, nous nous contenterons d’indiquer qu’une foule fasciste se compose d’individus scolarisés ou anciennement scolarisés.
Là où les élections européennes de 2019 mais aussi présidentielle de 2017 nous intéressent, c’est dans la capacité du pouvoir à réorganiser la masse désorganisée en s’assurant qu’elle reste impuissante, car là est bien l’obsession du pouvoir. Les élections sont un événement parfaitement maîtrisé par l’oligarchie, à un point littéralement effrayant (nous n’aborderons pas ici l’importante question des tricheries qui ont lieu durant les élections, en particulier lors de la présidentielle de 2017 et qui montrent à quel point l’oligarchie a les mains libres). Ce contrôle signe la réalisation de la prophétie arendtienne d’un monde procédurisé dans lequel l’action a cédé sa place au comportement. Le comportement est ce qu’il reste quand le politique a disparu, c’est-à-dire quand la société devient un système qui fonctionne. Ainsi, il faut réfléchir au fait que la forme « gouvernement » ne va pas de soi, qu’elle est une arnaque qui permet aux classes dominantes de dérober le politique au peuple. Tout gouvernement observe la population qu’il domine à partir de grands nombres, de statistiques qui lui permettent de « gérer » cet ensemble comme un troupeau, comme du bétail. Les normes, les procédures et les lois empêchent toute action et ne reste alors qu’un comportement prévisible.
L’observation qui a constitué La République en Marche, le parti qu’a fabriqué l’oligarchie pour son poulain, Emmanuel Macron, a consisté à observer les grandes tendances comportementales, même en terme d’opinion. L’opinion, quand une population est standardisée, est, elle aussi, susceptible de créer de grands ensembles statistiques, cela va de soi. À partir de métadonnées, les statisticiens de l’oligarchie sont parvenus à composer de grands ensembles d’opinion. Concrètement, il n’y a rien qui lie le professeur de gauche féru de sport et de produits culturels hollywoodiens et le cadre de grande entreprise, sportif et adepte lui aussi de divertissements culturels, libéral atterré par l’arriération mentale de ces français qui empêchent les réformes qui permettraient le retour de la croissance. Il y a là deux individus différents qui ne feront jamais rien ensemble. Mais en un sens, ils partagent une sorte de monde commun. Non pas celui que décrit Hannah Arendt, constitué progressivement par l’action collective et l’expérience commune, mais un monde commun fabriqué à partir d’éléments standardisés, de marchandises matérielles et immatérielles, un univers préfabriqué qui va servir de matrice au seul fond commun qui peut désormais lier les individus modernes : l’aliénation. Les grands-messes sportives, la sortie des films de l’industrie culturelle, la lecture des médias de masse vont autoriser la constitution d’ensembles de population qui ne font rien ensemble, qui ne se connaissent pas, mais qui partagent une conscience commune : celle du consommateur, de l’individu aliéné, incapable d’être lui-même, condamné à errer de psychologues en coachs, admirateur des grands mythes de la modernité, haineux vis-à-vis de toute forme d’autonomie populaire. Voilà le grand malheur que révèlent les élections désormais. Le système, pour reproduire sa légitimité, n’a plus qu’à gérer une population abrutie et à l’assembler en groupes statistiques. Cela signe la fin de toute forme de politique mais plus encore, cela montre qu’il ne peut y avoir de salut par l’élection. L’échec d’un parti comme l’UPR démontre à quel point le système est verrouillé et que c’est par une autre porte qu’il faudra passer pour s’en extraire. Là encore, comment ne pas penser au mouvement pré-révolutionnaire que sont les Gilets Jaunes et le Referendum d’Initiative Citoyenne ? À travers le RIC, il apparaît possible d’entrevoir l’avènement d’une démocratie en France qui permettrait peut-être, à terme, de faire comparaître les traîtres actuellement au pouvoir devant des tribunaux populaires et d’en finir avec la forme « gouvernement » pour inventer un autre monde et changer enfin le mode de production capitaliste qui détruit l’humain et la planète. Le désespoir actuel ne doit pas annihiler toute perspective mais seulement nous indiquer la gravité de la situation que nous traversons et nous motiver pour aller au-delà du mal radical qui nous assaille.
Jacques Roure