De la Grande Réinitialisation à la guerre en Ukraine : l’impérialisme du capital financier

Le Davos réalise que son rêve totalitaire, la Grande Réinitialisation, n’aura pas lieu, pas à l’échelle mondiale en tout cas. Tout d’abord, il va être difficile aux jeunes managers endoctrinés que le Forum Économique Mondial est parvenu à mettre à la tête des régimes occidentaux (les Macron et autres Trudeau) de continuer à tromper les populations qu’ils dominent. Certes, les masses zombifiées occidentales ne sont globalement plus vraiment capables de la moindre réflexion tant l’école et l’industrie de la culture ont annihilé toute forme d’intelligence. Mais les incohérences à répétition, les effets secondaires des injections covid couplés aux effets de la rébellion russe (en particulier l’inflation) mettent malgré tout en danger la suite du spectacle à base de fausses angoisses sanitaires et climatiques de ces élites néo-fascistes. Il y a d’ailleurs quelque chose de jouissif à voir leur morgue face à la Russie désobéissante qui semble siffler la fin de la récréation. Nos pauvres élites déconnectées sont en train de se prendre le principe de réalité en pleine figure.

Il est intéressant de comprendre comment nous en sommes venus là, à une telle dégénérescence, comment l’occident est devenu le fléau du monde. Il est d’ailleurs tout à fait curieux de voir ses catéchumènes oublier fort à propos les millions de morts de ces deux dernières décennies pour continuer d’affirmer benoîtement que nous sommes du coté de la démocratie. C’est pour cela qu’il faut essayer de saisir l’ampleur du mouvement à l’œuvre et montrer en quoi, derrière les apparences, se tient une cohérence monstrueuse. Saisir cette cohérence nous permet en quelque sorte d’écrire l’histoire et de témoigner auprès des générations à venir des tragédies qui nous mènent aujourd’hui au bord du gouffre.

En cela, il convient de saisir le sens de la véritable révolution des riches qu’est la Grande Réinitialisation et d’expliquer en quoi elle est liée à la guerre en Ukraine. Cela nous semble important pour éviter les erreurs funestes qui rongent la version de certains commentateurs américains. En effet, la droite américaine a bien vu l’aspect totalitaire de la Grande Réinitialisation mais son explication reste psychologisante. En gros, ce serait parce que nous avons une bande de psychopathes à la tête du capital occidental que le monde est au bord de l’explosion.

Un auteur comme Tom Luongo a raison quand il décrit l’arrogance de cette caste et la façon dont une partie du monde vient de dire « non » à ces malades. Cependant, comme l’ensemble de la droite américaine mais aussi française, il méconnaît la différence entre marxisme et freudo-marxisme.

Il considère le féminisme, le lgbtisme ou l’antiracisme comme des enfants du marxisme. On a le même résultat avec Brandon Smith dans un article d’une lucidité par ailleurs tout à fait frappante. Ici, Smith fait un constat brillant de la situation mais son explication reste psychologisante : les gauchistes sont assimilés à des communistes ou des marxistes alors qu’ils sont en fait des héritiers du freudo-marxisme.

Il faut lire Michel Clouscard pour comprendre comment ils trahissent complètement le marxisme car leur fonction – de laquelle ils sont aveugles – est de stériliser la lutte des classes. En prônant une éthique de la jouissance immédiate, ils font croire à l’existence d’une issue dans le capitalisme, à la possibilité d’une configuration où l’individu s’épanouirait. C’est une fabrique d’esclaves amoureux des barreaux de leur prison. Ce piège idéologique détruit l’habitus populaire et annihile la conscience de classe en promettant un accomplissement dans la société de masse. Nous sommes très loin du marxisme !

Cette erreur est funeste car, dans leur refus des apports du marxisme, ces commentateurs perdent un outil des plus précieux pour comprendre les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine et de la Grande Réinitialisation.


L’analyse léniniste en particulier semble particulièrement adaptée à la lecture de la situation. Elle considère l’impérialisme en tant que conséquence structurelle du capitalisme. En cela, elle nous mène très loin des idéologies post-modernes régnantes. Par son regard, nous voyons qu’il ne sert à rien de considérer que la situation actuelle est issue d’un dysfonctionnement dû à des psychopathes. Ce qu’il faut comprendre, c’est pourquoi ces gens se comportent comme des dingues. Un état psychologique est une conséquence de faits sociaux, d’institutions, d’événements historiques et non pas leur cause. C’est un apport de Durkheim. À l’inverse, c’est bien plutôt la concentration du capital qui détermine les comportements. C’est elle qui en est la cause et qui nous permet non seulement de comprendre comment un groupe d’individus en vient à se comporter en tyran mais aussi pourquoi le capitalisme n’est pas réformable, pourquoi il nous mène vers le totalitarisme, structurellement.

De la baisse tendancielle du taux de profit à l’impérialisme

Selon Lénine, l’impérialisme est inhérent au mouvement de concentration du capital, c’est-à-dire à la constitution de monopoles. Il est une conséquence structurelle du capitalisme. Pour saisir cette idée, il faut faire un détour par Marx qui explique que le capitalisme est rongé par des contradictions internes qui ne se résolvent que par des crises que l’impérialisme ne sert qu’à retarder. Ces contradictions conduisent à une baisse du taux de profit. Pour comprendre ce point, il faut redescendre au niveau de l’individu capitaliste, des comportements qu’il doit adopter pour exister économiquement dans le système.

Comme l’entrepreneur veut sans cesse maximiser ses profits, il doit augmenter ses ventes et baisser ses dépenses. Pour accroître ses ventes, il peut produire davantage en adoptant de nouvelles machines (le capital constant) qui vont lui permettre de fabriquer plus ou différemment pour un coût moindre ou équivalent. Pour baisser ses dépenses, il peut agir sur les salaires (le capital variable) en mettant les salariés en concurrence.
Le problème est que les machines sont de plus en plus perfectionnées et coûtent de plus en plus chères. Cela fait baisser le taux de profit :


TP=Pl/(C+V)
où Pl=plus-value, C=capital constant, V=capital variable


Puisque la part du capital constant augmente, le taux de profit diminue. De plus, les autres entrepreneurs vont eux aussi adopter le même comportement : ils vont investir pour produire plus et de façon plus rentable. C’est alors le prix de la marchandise qui risque de baisser. Cela pousse donc le patron à exploiter davantage ses salariés en les faisant produire plus pour le même coût ou en diminuant les salaires (faisant ainsi baisser le capital variable, ce qui tend à accroître le taux de profit). On voit déjà là les contradictions qui s’amoncellent : la production de marchandises tend à augmenter pendant que les salariés voient leur pouvoir d’achat sans cesse menacé. La crise de surproduction n’est jamais loin.


Il est ici intéressant de se reporter à cet entretien de Klaus Schwab (en anglais) qui tient des propos qui ne dépareilleraient pas dans un rassemblement de La France Insoumise de MM. Mélenchon et Ruffin tant il se montre soucieux de résoudre le problème de la baisse tendancielle du taux de profit. Il craint une crise de surproduction due à l’effondrement de la demande que va provoquer l’appauvrissement des classes moyennes occidentales. C’est pour cela que le Forum Économique Mondial propose de ne plus augmenter la part du capital dans le partage de la valeur ajoutée et donc de protéger la demande en ne baissant plus les salaires et en attribuant des protections aux salariés. Il est évident que ce propos prend une importance nouvelle dans le cadre de la guerre en Ukraine qui fait dérailler la gestion de la crise économique préfabriquée par l’intermédiaire de la fausse crise sanitaire. Nous vivons un temps de crises permanentes.


Voilà donc la baisse tendancielle du taux de profit : l’augmentation quasi-mécanique du capital constant pousse les propriétaires des moyens de production à exploiter davantage la main-d’œuvre. Cela crée des crises. Quand une bulle éclate, c’est-à-dire quand la surproduction devient intenable, les investissements sont perdus et les morts nombreux. Le marché passe l’éponge, retire les cadavres, et les survivants peuvent se partager le gâteau jusqu’à la prochaine crise. Sachant qu’à chaque crise, le nombre d’acteurs économiques baisse, le capital se concentre. Voilà comment structurellement le capitalisme fabrique des monopoles.

Le capitalisme monopolistique, la colonisation et la nouvelle division internationale du travail selon Lénine

Mais alors comment, à défaut de pouvoir éliminer ce défaut congénital du capitalisme, est-il possible de repousser l’avènement de la prochaine crise ? Les seuls moyens sont de chercher continuellement de nouveaux débouchés pour les produits, de nouvelles innovations mais aussi de nouvelles sources de matières premières. La planète entière devient alors le terrain de jeu du capital comme l’expliquait Lénine (la citation est longue mais importante) :

« Ce n’est plus du tout l’ancienne libre concurrence des patrons dispersés, qui s’ignoraient réciproquement et produisaient pour un marché inconnu. La concentration en arrive au point qu’il devient possible de faire un inventaire approximatif de toutes les sources de matières premières (tels les gisements de minerai de fer) d’un pays et même, ainsi que nous le verrons, de plusieurs pays, voire du monde entier. Non seulement on procède à cet inventaire, mais toutes ces sources sont accaparées par de puissants groupements monopolistes. On évalue approximativement la capacité d’absorption des marchés que ces groupements « se partagent » par contrat. Le monopole accapare la main-d’œuvre spécialisée, les meilleurs ingénieurs ; il met la main sur les voies et moyens de communication, les chemins de fer en Amérique, les sociétés de navigation en Europe et en Amérique. Le capitalisme arrivé à son stade impérialiste conduit aux portes de la socialisation intégrale de la production ; il entraîne en quelque sorte les capitalistes, en dépit de leur volonté et sans qu’ils en aient conscience, vers un nouvel ordre social, intermédiaire entre l’entière liberté de la concurrence et la socialisation intégrale. La production devient sociale, mais l’appropriation reste privée. Les moyens de production sociaux restent la propriété privée d’un petit nombre d’individus. Le cadre général de la libre concurrence nominalement reconnue subsiste, et le joug exercé par une poignée de monopolistes sur le reste de la population devient cent fois plus lourd, plus tangible, plus intolérable. »

Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Éditions en Langues Étrangères, Pékin, 1977, pp.24-25.


La Grande Réinitialisation n’est jamais que l’expression d’une production à ce point socialisée que le capital se retrouve ouvertement en position de gestion de la population. Elle est un projet de gestion du globe par les monopoles occidentaux. Plus encore, le FEM lui-même admet se rapprocher d’une autre configuration du capitalisme où la production serait totalement socialisée, où la propriété privée serait abolie1 mais où il y aurait plus de protections pour les salariés, une place accrue pour les syndicats, une meilleure répartition des richesses2, bref une approche plus à gauche3. Le capital financier tend à se comporter en gestionnaire de la société. Il accapare un morceau sans cesse croissant de la valeur ajoutée mais doit quand même permettre des conditions suffisantes à la reproduction de la force de travail. Tel est l’enjeu de la baisse tendancielle du taux de profit. Pour éviter la révolution, le capital doit augmenter systématiquement la mise.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises quand Lénine aborde les conséquences inévitables du capitalisme entrant dans sa phase impérialiste. Il cite Hobson qui décrit ce qui ressemble furieusement au monde d’aujourd’hui :

« Quant aux principales branches d’industrie, elles disparaîtraient, et la grande masse des produits alimentaires et semi-ouvrés affluerait d’Asie et d’Afrique comme un tribut. […] Telles sont les possibilités que nous offre une plus large alliance des États d’Occident, une fédération européenne des grandes puissances : loin de faire avancer la civilisation universelle, elle pourrait signifier un immense danger de parasitisme occidental aboutissant à constituer un groupe à part de nations industrielles avancées, dont les classes supérieures recevraient un énorme tribut de l’Asie et de l’Afrique et entretiendraient, à l’aide de ce tribut, de grandes masses domestiquées d’employés et de serviteurs, non plus occupées à produire en grandes quantités des produits agricoles et industriels, mais rendant des services privés ou accomplissant, sous le contrôle de la nouvelle aristocratie financière, des travaux industriels de second ordre. »


Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Éditions en Langues Étrangères, Pékin, 1977, pp. 124-125.

Hobson écrit cela en 1902. Aujourd’hui, le capital occidental a effectivement transféré ses activités productives en Asie, l’Afrique ne fournissant que des matières premières. En conséquence de quoi, les économies occidentales se sont tertiarisées, donnant un nouveau type de population. Ce point est important car cette population ne produit presque plus, ses individus ne sont plus en capacité d’apporter un travail concret à l’œuvre humaine. Leur être ne sait plus estimer le réel à l’aune de ce qu’il lui apporte.

Ce sont des individus qui ne savent pas ce qu’ils valent. Ils se retrouvent condamnés au service, c’est-à-dire à produire la société dont André Gorz craignait l’avènement avec la constitution d’une nouvelle classe de valets composée d’individus superflus dans le système économique, condamnés à vendre leur temps pour rendre service à ceux qui n’en ont pas car sur-utilisés par l’appareil économique. C’est l’hubérisation de la société.

Jusqu’à il y a peu, la France était un pays aux compétences énormes. Ce savoir-faire a été liquidé, transféré en Asie, créant de facto une population qui n’a plus aucune capacité autonome et donc soumise aux caprices de la classe dominante qui l’embauche. Plus aucune capacité autonome car quand un individu ne sait plus rien fabriquer, il dépend davantage encore du système international de division du travail, il ne peut que s’embaucher dans les « opportunités » que lui offre le système, c’est-à-dire du tertiaire. L’individu tertiarisé est un incapable qui n’a d’autre alternative que de se soumettre au pouvoir économique. Il n’en est bien sûr pas responsable car l’école l’a embrigadé et formé selon les besoins de la demande de travail (c’est-à-dire du patronat). Qui plus est, ce formidable pouvoir tutélaire a parsemé la société en général, et le monde du travail en particulier, d’une multitude de règles et de normes qui empêchent l’autonomie : il ne s’agit pas de tuer mais d’empêcher de naître.

C’est une société de surveillance généralisée. Voilà la prophétie léniniste réalisée : le capital occidental a littéralement avalé la société et colonisé le monde. La Grande Réinitialisation prend acte de cela. Elle est le projet totalitaire de monopoles de plus en plus gigantesques qui sont en position de parler à égalité avec les États. C’est ce qu’il se passe désormais sur l’ensemble du globe.

La Grande Réinitialisation et le maintien d’une classe devenue folle

Les monopoles privés dont on vient de décrire l’avènement s’allient aux monopoles publics (les États, leurs différentes institutions) pour conquérir marchés et ressources. Lénine écrit :

« […] les monopoles privés et les monopoles d’État s’interpénètrent à l’époque du capitalisme financier, les uns et les autres n’étant que des chaînons de la lutte impérialiste entre les plus grands monopoles pour le partage du monde. »

Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Éditions en Langues Étrangères, Pékin, 1977, pp. 85-86.

Les deux ensembles monopolistiques – publics et privés – établissent entre eux une relation quasi-incestueuse pour étendre l’ordre capitaliste occidental sur de nouvelles zones, sur tous les continents. Klaus Schwab a d’ailleurs évoqué cette pénétration des milieux politiques par le regroupement de monopoles privés qu’est le Forum Économique Mondial avec le programme Young Global Leaders 4. Le cas de l’Ukraine exemplifie parfaitement cela car elle est bien le jouet d’une alliance des monopoles publics et privés occidentaux. C’est ce que l’on voit avec l’extension vers l’Est de l’OTAN (qui avait commencé à mettre l’armée ukrainienne aux normes de l’OTAN avant même son intégration officielle) et la mise sous tutelle de son économie par le capitalisme financier occidental.

L’action des groupes de grandes entreprises et des États se fait évidemment au profit de la classe sociale qui possède les moyens de production, en particulier par la finance. Cette hyper-classe tend, nous l’avons vu, a construire le monde en fonction de ses intérêts. En cela, elle active un processus totalitaire. Tous les signes contradictoires que renvoie la complexité du réel sont balayés par la mise en cohérence du monde avec les intérêts de cette classe. Ainsi, on retrouve cette posture dans les prises de positions géopolitiques du bloc monopolistique occidental : alors que le pouvoir russe semble préoccupé par la tradition et les modes de vie, le bloc occidental ne jure que par la constitution d’un individu mondialisé cohérent avec les réquisits du marché globalisé (voir l’intervention de Klausch Schwab). En un sens, nous pourrions dire que structurellement, le capitalisme tend à rationaliser le réel. C’est pourquoi il est une violence permanente. Il violente tout – la nature, l’humain – pour le plier, pour lui donner la forme que réclament ses intérêts.


Tout semble indiquer que les rapports de force au sein du bloc monopolistique occidental, qu’Andrew Korybko nomme globaliste-libéral unipolaire, sont à l’avantage quasi-total des monopoles privés qui ont infiltré les États, comme nous l’avons vu avec la précédente déclaration de Klaus Schwab. L’Occident collectif est donc sous la coupe d’une caste qui a vraiment pris les commandes, qui a un boulevard devant elle tant il n’y a plus de forces capables de s’opposer. Une classe qui donne l’impression de ne plus avoir aucun surmoi, plus aucun modèle, d’être saisi par l’hubris tant elle dégénère, faisant dégénérer à sa suite la société en un ensemble constamment déstructuré qui ne cesse de s’étioler au point que l’on se demande parfois ce qu’il en reste. La promotion permanente du mouvement pour le mouvement défait les institutions et les reconfigurent selon les réquisits de l’ordre marchand, ouvrant ainsi de nouveaux marchés au sein même des populations tout en les désorganisant sans cesse, affaiblissant toute résistance. C’est de cette façon qu’il faut lire le multi-culturalisme, le woke, le féminisme et le lgbtisme : des stratégies de désorganisation permanente de toutes les structures de la société en vu de les recomposer en fonction des intérêts du capitalisme financier.


Telle est la Grande Réinitialisation des élites occidentales qui siègent au Forum Économique Mondial ou au groupe Bilderberg. Il s’agit d’une tentative des monopoles publics et privés occidentaux de prendre une position dominante dans la lutte impérialiste pour le partage du monde. Pour cela, ils ont imaginé une gigantesque dépression artificiellement provoquée par la stratégie de choc imposée aux populations durant la crise du covid. Ils espèrent de cette façon tuer les acteurs économiques les plus fragiles, les plus petits – les indépendants en particulier mais pas uniquement – pour concentrer encore le capital et renforcer les monopoles.

De plus, la Grande Réinitialisation est un projet d’envergure mondial qui imagine une gestion globalisée de la planète et de ses ressources, à l’image des politiques contre le « réchauffement climatique ». En imposant leur idéologie, les monopoles du Forum Économique Mondial posent une pierre à l’édification d’une bureaucratie mondialisée taillée par eux. Il y a là un danger mortel pour le reste du monde en général et les blocs monopolistiques russes et chinois en particulier.

L’Ukraine, terrain de jeu du capitalisme financier occidental

C’est dans ce contexte global qu’il faut lire la guerre en Ukraine. Le bloc monopolistique occidental a pris ce pays pour le coloniser en tant que fer de lance de sa conquête du monde slave. Nous sommes toujours dans ce mouvement impérialiste du capitalisme qui doit partir à la conquête de nouveaux territoires pour vaincre la baisse tendancielle du taux de profit. Sans cette fuite en avant permanente, le capital s’effondre.


Pour l’Ukraine, ce fut une conquête violente, une vraie guerre qui a fait entre 14 ou 15 000 morts depuis le coup d’État du Maïdan en 2014. La Russie ne pouvait qu’arrêter cette colonisation sous peine d’être la prochaine sur la liste. En effet, le régime kievien est un régime fasciste supporté par des milices telles que le Pravyï sektor et autre bataillon Azov qui ont participé aux exactions contre les ukrainiens russophones. L’oligarchie ukrainienne a dit à plusieurs reprises qu’elle fomentait une attaque définitive contre les russophones. C’est une véritable anti-russie qui a été fabriquée aux portes de la Russie.

Il ne s’agit pas de dire que les blocs monopolistiques russe ou chinois sont meilleurs que l’occidental car ils sont certainement, d’une façon ou d’une autre, rongés par le même mal congénital du capitalisme. Mais le fait est que le coup d’État du Maïdan a fait de l’Ukraine une colonie et n’a jamais été qu’une révolution colorée, comme le montrent les échanges sidérants entre Victoria Nuland et l’ambassadeur des USA en Ukraine Geoffrey Pyatt. La suite logique en a été l’accession de Natalie Jaresko au poste de ministre des finances fin 2014. Cette dame est une états-unienne liée à un fonds d’investissement ukrainien financé par le Congrès des États-Unis et aussi une ancienne du département d’État américain dans lequel son dernier poste a été à la tête de la section économique de l’ambassade des États-Unis en Ukraine.

Il faut mentionner aussi la nomination du lituanien Aivaras Abromavicius, co-dirigeant d’un fonds d’investissement suédois, qui devint ministre de l’économie ; également celle du géorgien Alexander Kvitachvili, ex-ministre de la Santé en Géorgie, au poste de ministre de la santé. Il n’y a là que des ressortissants de pays atlantistes naturalisés ukrainiens en vitesse. Et que dire des aventures de Hunter Biden – le fils de Joseph Biden – et de la plus grosse entreprise ukrainienne d’énergie, Burisma ? Sans oublier les laboratoires américains que les russes trouvent en Ukraine, dans lesquels on subodore que furent menées des expériences horribles. L’Ukraine semble être devenue le luna park du capital financier occidental.

En prenant les commandes de l’Ukraine, le bloc monopolistique occidental n’a fait que confirmer Lénine. Cet impérialisme n’avait aucune raison de s’arrêter là : structurellement, il ne le peut pas. De la même façon que la Chine est victime d’un mouvement d’encerclement de la part de l’Occident collectif, la Russie semble déjà cernée. Elle n’avait d’autre choix que l’intervention armée. On se souvient comment à Munich en 1938, les régimes occidentaux se sont pliés aux desirata de l’Allemagne, avec les conséquences que l’on sait.

Comment les générations d’après auraient-elles jugées l’absence de réaction de la Russie dans la situation actuelle ? De la même façon qu’en 38, les occidentaux qui ont dit oui aux conquêtes des nazies sont vus aujourd’hui comme des lâches, les russes auraient certainement amèrement regretté d’avoir laissé faire les régimes totalitaires occidentaux du XXIème siècle. Que cela nous plaise ou non, la leçon de Lénine nous montre que la Russie devait intervenir en Ukraine. Cette intervention ouvre une contestation mondiale de ceux qu’Alexandre Korybko nomme les « conservateurs-souverainistes multipolaires du Grand Sud ». Reste à voir la forme de cette fronde pour en tirer les conséquences.

Jacques Roure

note 1 : Voir ici mais pour en arriver là, il faudra passer par ça.

note 2 : « l’assurance santé et l’assurance chômage devront être créées de toutes pièces, soit être renforcées lorsqu’elles existent déjà. […] des allocations de chômage prolongées, des congés de maladie et de nombreuses autres mesures sociales devront être mises en œuvre pour amortir l’effet du choc et deviendront ensuite la norme dans de nombreux pays, un engagement syndical renouvelé facilitera ce processus. […] il y aura davantage de réglementation couvrant de nombreuses questions diverses, telles que la sécurité des travailleurs ou l’approvisionnement domestique de certains biens. Les entreprises seront également tenues de rendre des comptes […] » Klaus Schwab – Thierry Malleret, Covid19 : la grande réinitialisation, Forum Économique Mondial, 2020, pp. 104-105.

note 3 : « sur le cadran qui mesure le continuum entre le gouvernement et les marchés, l’aiguille s’est sans aucun doute déplacée vers la gauche » Ibid., p.103.

note 4 : « Ce dont nous [le Forum mondial de Davos] sommes vraiment fiers – quand on prend des gens comme le premier ministre Trudeau, le président de l’Argentine, etc. – c’est qu’on pénètre dans les cabinets [gouvernementaux]. Hier j’étais à une réception du premier ministre Trudeau et je sais que la moitié de ce cabinet – ou même plus – sont des Young Global Leaders du World Economic Forum. C’est pareil en Argentine et c’est pareil en France maintenant avec le président [Emmanuel Macron]. »

4 commentaires

  1. Merci pour l’éclairage que nous donne cet article sortant des sentiers battus. Ce qui serait intéressant à savoir c’est comment faire face à ce capitalisme monopolistique.

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