Voici un documentaire important qui nous rappelle que l’école est le plus grand ennemi de l’humanité, un outil de destruction de toute forme d’autonomie dont le discours est basé sur la haine du peuple. Il n’y aura jamais de liberté tant qu’il y aura un appareil d’embrigadement et d’abrutissement de la jeunesse telle que l’école. Comment pouvons-nous mettre nos enfants dans les mains de nos ennemis ? D’ailleurs, si l’on analyse le discours des adorateurs de l’école, on voit que rien ne tient. Ainsi, pourquoi la rendre obligatoire puisque, si le savoir qu’elle distribue est si intéressant, il ne devrait pas y avoir de problème pour que la jeunesse se précipite pour l’apprendre ! Bizarrement, on a exactement le phénomène inverse : la jeunesse n’en peut plus de l’école. Pas grave ! On a qu’à « restaurer l’autorité ! » Cela va tout arranger ! Forcer les gens à apprendre ce qui ne sert qu’à reproduire la domination, voilà la solution pour « éduquer » ce foutu peuple ! L’école fait croire que sans la domination, il n’y a pas de savoir. Quel beau programme ! Quelle vie magnifique le système nous prépare à coup sûr ! Blague à part, la critique de l’institution totalitaire qu’est, et qu’a toujours été, l’école est quasiment abandonnée ce qui montre que le lavage de cerveau progresse et fait perdre toute radicalité à la pensée.
Voici maintenant un commentaire plein de bon sens de François Bégaudeau sur l’école :
Dans cet article, j’écrivais cela :
Il est important de saisir à quel point la situation actuelle est le fruit d’un travail de désorganisation des populations mené par le pouvoir centralisé. Le mode de production – le capitalisme – lui-même se construit contre le peuple. Où que l’on regarde, tout n’est qu’attaque contre le peuple avec toujours la même obsession : altérer sa puissance. Prenons l’institution anti-peuple par excellence : l’école. Comment se fait-il que l’on ait abandonné toute critique de cette fabrique du fascisme qu’est l’école ? Des professeurs complètement embrigadés, persuadés que le projet « d’éducation nationale » – c’est-à-dire le projet de faire éduquer le peuple par une institution étatique – est légitime, légitime parce qu’ils méprisent le peuple, parce que leurs propres professeurs leur ont enseigné cette haine du peuple, ce manque de confiance, et qu’ils ont trop bien appris leurs leçons. Tout le discours scolaire est anti-sociologique : « il faut travailler plus », « il faut faire davantage d’efforts », comme si la connaissance était le résultat d’un effort individuel et non collectif. En isolant les élèves dans le travail individuel, l’école les condamne à rabâcher la connaissance établie par d’autres, elle en fait des perroquets sans cervelle. Mais il y a plus : l’école établit un lien magique entre diplôme (censé sanctionner un niveau de connaissance) et place dans l’appareil productif. Plus le diplôme est élevé, plus on peut prétendre à s’élever dans l’échelle salariale. Ainsi, dans cette mythologie, le savoir sert à quelque chose ; il n’est pas le fruit de la curiosité vis-à-vis du monde mais est destiné à nous faire progresser dans l’ordre social.
Il est presque cocasse de voir à quel point cette mythologie est systématiquement foulée au pied par l’ordre social. Ainsi, dans l’habituel discours de haine du peuple qui se tient sous l’égide de l’école, il est dit que l’école sert « à s’en sortir », discours repris comme une prière en particulier par les femmes (femmes qui sont aujourd’hui, par la magie du féminisme, les principales collaboratrices de l’ordre en place). Mais « s’en sortir » de quoi ? Se sortir de sa condition sociale pardi ! De sa condition populaire ! Ainsi nous enseigne-t-on comme une vérité qui ne se discute plus que quand on vient des classes populaires, il faut s’extraire de sa condition, la refuser comme une honte. Pourquoi ? À cause de la pauvreté en premier lieu. Mais pourquoi les classes populaires sont-elles pauvres ? À cause de la domination économique et sociale intrinsèque au capitalisme (ainsi, il faut rappeler qu’au sortir du moyen-âge, les peuples étaient propriétaires des moyens de production. sur cette question, voir Karl Marx, Le capital, livre I, huitième section : « L’accumulation primitive » – p.801 et suivantes du livre 1. Quand on lit ça, on comprend mieux pourquoi l’école et le complexe culturel et médiatique ont pour obsession de nous dégoutter du moyen-âge, de le faire passer pour un âge sombre). Quelle solution propose l’école ? L’ascenseur social, bien sûr ! Par la magie de « l’ascenseur social », on « s’en sort », c’est-à-dire qu’on dynamise le système qui est la cause de pauvreté de la classe sociale d’où l’on vient. Ce faisant, on redouble la domination qui fait que les classes populaires sont pauvres, voire aujourd’hui miséreuses. La solution individuelle proposée par l’école entretien les causes qui font que les classes populaires vivent mal. C’est une solution anti-peuple déjà en ce que, quand on accepte l’idée « d’ascenseur social », on accepte aussi celle qu’il y a des étages. Une solution vraiment populaire consisterait à renverser l’ordre en place pour instaurer une société égalitaire qui autoriserait enfin les dépositaires d’habitus populaires à vivre dignement sans avoir honte de ce qu’ils sont, sans vouloir « s’en sortir ». Pour ce faire, on peut retourner l’affaire dans tous les sens, il n’y a qu’une solution : redevenir propriétaire des moyens de production…
Il est également cocasse de constater que plus on monte dans l’échelle salariale, plus on a affaire à des médiocres. Alain avait noté cela en son temps quand il affirmait que « la fonction de chef ne relève pas de la compétence ». Il écrivait : « dès que l’on s’élève, on règne sur des hommes, non sur des choses, et l’on a à considérer non pas les lois des choses, mais la marche des passions. […] Le vrai diplomate [comprendre ici le chef, l’administrateur] est celui qui ne pense rien. De là, un choix inévitable des médiocres pour la plus haute direction […]. » Bref, exactement l’inverse de ce que nous annonce la mythologie scolaire avec des diplômes censés sanctionner un niveau de connaissance permettant ensuite de parvenir aux meilleurs places. Le rôle de l’école ici est de légitimer le système hiérarchique en faisant passer les classes populaires pour des imbéciles alors que c’est exactement le contraire…
Mais il y a plus encore dans l’immonde action anti-peuple de l’école. Elle crée, au sein du peuple, des ennemis du peuple. Comment nommer le jeune, gavé de séries policières, qui va s’engager dans les forces de l’ordre ? Plus compliqué : comment nommer autrement le jeune qui va s’engager dans des études de commerce ou de communication ? Que sont les études de commerce, de communication ? Des « études » qui vont enseigner aux jeunes les moyens de tromper le peuple, pour lui prendre cet argent auquel le capitalisme le condamne et dont il a, du coup, tant besoin. Des moyens pour prendre l’argent du peuple et le donner aux entreprises comme le chien qui ramène sa proie au chasseur. Le commercial est irrémédiablement l’ennemi du peuple. En rendant normaux de tels métiers, l’école désorganise le peuple, le transforme en agrégat statistique éclaté, sans cohérence, sans puissance.
Bien sûr, caractériser la façon dont le pouvoir central désorganise le peuple nécessiterait un livre entier, en fait plusieurs. Il faudrait parler davantage de l’école car, comprenons-le bien, il n’y aura jamais d’émancipation tant que l’école sera obligatoire (d’ailleurs Jules Ferry expliquait avoir rendu l’école obligatoire pour clore l’ère des révolutions : beau programme presque réussi…). Il faudrait parler aussi de l’industrie culturelle et des médias de masse, encore tout puissants, parler de la façon dont on oppose le sociétal au social avec les mouvements féministes, LGBT, de la façon dont le pouvoir manipule les jeunes en général, les jeunes femmes en particulier, pour en faire des suppôts du fascisme ambiant. Bref, la situation est extrêmement grave et confirme ce que bien des penseurs avaient vu à la fin de la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire que rien de ce qui avait rendu le totalitarisme possible n’a été jugulé. Il faudrait se demander ce qu’est une foule fasciste si ce n’est une masse d’individus frappés de superfluité car désorganisés. Au regard de la place disponible pour cet article, nous nous contenterons d’indiquer qu’une foule fasciste se compose d’individus scolarisés ou anciennement scolarisés.