Condamnation de la répression en France par l’Iran : quelle légitimité après la répression du mouvement des femmes iraniennes ?

La situation du peuple Français en lutte contre la réforme des retraites du gouvernement intéresse grandement à l’étranger. Les violences commises par les forces de l’ordre choquent bien sûr le monde entier, au point de s’attirer les condamnations de pays que l’on entendait peu jadis sur les questions intérieures françaises. Ainsi en va-t-il de l’Iran qui, le 19 mars 2023, a dénoncé les atteintes aux droits de l’homme commises par le régime français contre le peuple. « L’action de la police française en recourant à la violence contre les protestations des citoyens de ce pays est inacceptable et montre le manque d’engagement du gouvernement français envers les principes de la démocratie et de la liberté d’expression. », a indiqué M. Nasser Kanaani, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Bien sûr, c’est en connaisseur que l’Iran évoque la répression et l’on sait qu’une rébellion issue du mouvement des femmes a lieu là-bas. On pourrait alors se dire que c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité : l’Iran condamne ce qu’elle fait elle-même à ses opposants. La presse-système ne se prive d’ailleurs pas de le remarquer.

Mais la situation est complexe. Il ne faut pas oublier que l’Iran est assaillie par l’Occident collectif. Dans ce cadre, l’État iranien ne peut que se crisper au regard de toute contestation car le combat extérieur est rude. C’est ainsi que les États-Unis et leurs sbires procèdent depuis des décennies : ils assaillent un pays, l’obligeant à renforcer sa sécurité pour survivre et combattre d’éventuelles cinquième colonnes, pour ensuite condamner les entraves aux droits de l’homme que ce même pays est poussé à commettre.

Et d’ailleurs, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que ce mouvement de contestation des femmes iraniennes n’est peut-être pas aussi spontané qu’il en a l’air. N’avons-nous pas là un événement qui ressemble furieusement à une de ces fameuses « révolutions colorées » dont l’occident a le secret pour mener ses sempiternelles guerres hybrides ?

Ainsi, il est curieux d’observer que la vague de protestation débute dans la foulée de la participation de l’Iran au sommet de l’OCS à Samarkand, le 15 septembre 2022. L’objectif en était d’accroître la coopération entre pays participants en vue de renforcer certaines institutions multilatérales et ce alors qu’une nouvelle ère imprévisible des relations internationales débute. On aurait voulu châtier l’Iran pour sa présence à ce sommet qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Un hasard certainement.

De plus, on ne peut que constater la présence des thématiques habituelles de l’ordre occidental dans cette révolte : féminisme, LGBTisme, écologie, etc. (ces mouvements peuvent – pour certains – défendre des causes qui ne sont pas absurdes, mais qui sont récupérées par l’idéologie officielle qui en fait des armes dans le cadre de ses guerres hybrides.)

On remarque aussi dans les images de la contestation que les manifestants sont quasiment tous masqués. Un signe étrange, et l’on se demande si toute la population iranienne a suivi de façon aussi scrupuleuse les recommandations de port du masque. Ça sent quand même la foule organisée, supervisée, qui obéit sagement aux évidemment excellentes recommandations sanitaires de l’oligarchie occidentale. Bizarre…

On peut noter également que les femmes mises en exergue dans ce mouvement sont généralement belles. Cela rappelle, encore une fois étrangement, le mouvement des Femens, totalement dédié au fascisme occidental et composé, en règle générale, de jolies jeunes femmes. La beauté comme arme de subversion… La révolte des femmes iraniennes semble bien être une « révolution colorée ».

Masih Alinejad, militante pour les droits des femmes iraniennes
Masih Alinejad, militante pour les droits des femmes iraniennes

Comme il fallait s’y attendre, l’inénarrable régime français a organisé, le 13 novembre 2022, une rencontre entre Macron et les meneuses de la contestation des femmes en Iran. En tant que Français, on ne peut qu’être surpris que ce soi-disant mouvement de libération aille se compromettre avec le tyran français.

Mais les doutes s’amplifient encore – c’est peu de le dire – quand on s’aperçoit qu’une des grandes rebelles rencontrées par Macron, Masih Alinejad, est allée traîner ses guêtres du coté de Washington, le 4 février 2019, rencontrer le secrétaire d’État US d’alors, Mike Pompeo. De plus, cette dame reçoit des sommes substantielles des contribuables US. Bref, elle est un agent des États-Unis.

Il serait bon que nous ne tardions pas trop à assimiler, nous occidentaux, que le reste du monde commence à comprendre ce que nous ne réalisons pas encore, aveuglés que nous sommes par la propagande du régime. Les populations n’en peuvent plus des abus de l’ouest, des manœuvres de déstabilisation permanentes, de la guerre contre les peuples que mène invariablement l’oligarchie fasciste occidentale. La morale droit-de-l’hommiste apparaît à la fois fallacieuse et hypocrite. Le monde sait que l’Occident collectif est « l’empire du mensonge ».

Nous ne mesurons pas à quel point les délires de ces sociétés occidentales délitées par de continuelles révolutions des mœurs ne passent plus dans le monde. On ne mesure pas à quel point le LGBTisme et autres déferlements de droits à la sexualité ou d’éducation sexuelle choquent l’ensemble de la sphère musulmane, et elle n’est pas la seule à nous regarder les yeux grands ouverts, à se demander si nous ne sommes pas tous devenus fous.

Dans ce cadre, la communication de l’Iran sur la répression en France ne s’adresse pas seulement à nous, Français, mais aussi au reste du monde. Elle montre qu’il n’y a aucun complexe à avoir face à des donneurs de leçons qui traînent les plus affreuses casseroles derrière eux. Les populations du monde entier en ont fini d’admirer l’ordre occidental.

C’est pourquoi le discours des autorités iraniennes sur la révolte des femmes porte certainement beaucoup plus dans le monde que la position de la France, toute discréditée qu’elle est, sur cette question. Et ce ne sont pas les invitations de contestataires pour le moins ambigus qui y changeront quelque chose. Une part importante de la population occidentale, les imbéciles de Bernanos, ne comprend-t-elle pas cela ? Tant pis, les faits sont têtus : l’histoire se fera sans elle, ou plutôt contre elle.

Il ne s’agit pas ici de justifier globalement un régime que nombre d’Iraniens considèrent comme tyrannique, d’oublier les milliers de morts dont sa répression est responsable depuis son avènement. Mais le fait est qu’il a toujours tenu tête à l’empire anglo-saxon, qu’il a toujours été un pic de résistance à l’ordre totalitaire occidental. Par conséquent, aux yeux du monde entier, l’Iran est légitime pour critiquer la répression en France. Elle peut le faire d’autant plus sereinement que, à l’inverse de la révolte des femmes iraniennes, personne ne viendra dire que la révolte contre la réforme des retraites est manipulée par une force étrangère.

Jacques Roure

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